De Monastir aux Canaries


Le 16 octobre donc à 07h00 (les formalités tunisiennes sont parfois énervantes !) nous quittons Monastir pour près de 900 miles.

Nous savons que nous n’aurons pas trop de vent jusqu’au Cap Bon, puis qu’il nous faudra faire du près en attendant que le vent tourne à l’est dans un peu plus de 24h. Le premier coucher de soleil d’un long voyage
et c’est la première nuit en mer. Je dois dire que j’ai un peu le blues de ne pas être avec Bénédicte et les enfants mais l’ambiance est bonne et il ne faut pas s’attarder sur ses états d’âme. A 01h00 du matin, je suis tiré de ma couchette par la marine tunisienne qui par radio veut tout savoir de nous mais de façon très aimable toutefois.
Les premiers quarts sont toujours difficile à mettre en place car le rythme n’est pas encore pris. Au matin, les dauphins sont là, difficile de s’en lasser.
Jusqu’au 18, nous alternerons entre moteur et voiles lorsque le vent montera.
Nous pêchons du poisson tous les jours que ce soit de l’espadon ou de la dorade coryphène et c’est bien agréable d’avoir toujours du poisson frais.
Les jours passent et chacun vaque à ses occupations favorites comme la lecture, les parties d’échec électronique ou pour certain, plus artiste, la création.
Le vent passe enfin à l’est et nous pouvons alterner l’allure sous spi le jour
et sous génois tangonné la nuit, durant lesquelles il faut être vigilant à cause du trafic des cargos.

Nous aurons la visite d’un charmant passager clandestin qui restera avec nous 2 jours.
Piou-Piou , comme nous l’avions appelé disparaîtra lors d’un empannage trouvant décidément que ces gars-là étaient vraiment trop agités.
Evidemment, c’était trop beau et nous faut rallier Carthagène car un coup de vent est annoncé entre le cap Gata et la mer d’Alboran.

Nous entrons le 21 octobre à 23h50 dans le port de Carthagène après 5 jours et 17 heures de navigation.
Manu, amateur d’escalade, ne résistera pas à l’envie de monter en haut du mat pour la vue et ainsi en profiter pour faire une petite inspection.
Le 24 à 05h00 nous repartons pour Gibraltar
avec quelques appréhensions quand à la sortie en atlantique. Evidemment, nous nous ferons quand même secouer au cap Gata et nous rentrons un peu vers le golfe d’Almeria pour souffler un peu.
Le 25 au matin, le vent tombe complètement et nous démarrons le moteur. Jusqu’à Gibraltar ce sera très tranquille avec un beau coucher de soleil et les dauphins qui durant la dernière nuit nous accompagnerons jusqu’à la Pointe Europa.
Nous entrons dans la baie le 26 à 05h00 et nous apprenons, alors que nous nous annonçons au trafic control que les marinas sont fermées et qu’il nous faut aller ancrer au fond de la baie. La traversée de nuit au milieu des cargos au mouillage avec des feux de tous cotés n’est pas aisée mais à 06h00 l’ancre est crochée et hop, tous au lit.

Queensway quay marina est fermée pour travaux et Marina bay est complète ce qui ne nous arrange pas vraiment car nous allons être bloqués ici pour une semaine car de l’autre coté, les dépressions se suivent avec plus de 40N de vent et des creux de 8 à 10 mètres au large de Portugal. Un coup de vent étant également annoncé ici pour le jeudi 27, nous décidons de quitter le mouillage pour aller trouver une place à Algéciras. Nous n’y trouverons pas mieux qu’un quai en béton interdit sans électricité ni eau à coté des vedettes de secours où nous serons ma foi tolérés par la police et bien à l’abri.
Parfois la grille sera fermée et il nous faudra faire de l’escalade pour revenir au bateau. L’attente s’organise en étant régulièrement en contact avec Michel notre routeur.

Notre artiste en profitera pour peaufiner sa très belle sirène et nous sommes admiratifs du résultat en tenant compte du peu de moyens disponibles.
La journée du vendredi sera la plus agitées et nous enregistrerons à l’anémo une pointe à 39,2N dans le port. Nos voisins du secours en mer sont sur les dents.

On peut pas dire qu’Algeciras soit une ville très agréable pour le touriste de passage, mais nous prenons notre mal en patience.

Nous obtiendrons finalement une place à Marina bay le samedi et nous pourrons enfin préparer le bateau et visiter, sous une pluie battante, la ville de Gibraltar.
Le lundi 03 novembre, vers 16h00 nous quittons la baie de Gibraltar pour les Canaries, à plus de 5 jours de là. Nous sommes conscients que c’est encore un peu tôt mais il nous tarde de bouger.
La traversée des rails est assez stressante et nous sommes étonnés par un tel trafic. A la nuit tombée, nous serons du coté des côtes marocaine ouf ! merci le radar et l’A.I.S.

Les deux jours suivants, ce sera du près sous la pluie d’abord puis dans un temps à grains dont le dernier sera le plus gros avec une pointe à plus de 44N à son passage. Ça dure pas longtemps mais ça secoue quand même.

Le vent de Nord Est s’installera dans la journée du 06 et à nous les joies du spi et du portant en compagnie des dauphins. C’est vraiment ce qui s’appelle jouer avec l’étrave.
a nuit et la journée du 07 sera moins bucolique avec 25N de vent dans une belle houle de travers. C’est là que l’on apprécie les qualités d’un bateau comme l’Ovni. Nous laissons faire le pilote auto qui se débrouille très bien et nous descendons ainsi en sécurité à plus de 7 nœuds.

Le 08 Novembre vers 15h00 , nous sommes en vue de Lanzarote où nous allons nous arrêter pour ensuite rejoindre Sta Cruz sur Tenerife où nous attend Seb notre nouvel équipier qui habite sur l’île. A Arecife, nous ne trouverons pour nous amarrer qu’un quai désert sans eau ni électricité mais nous avons l’habitude et cela fait très bien notre affaire. Après 5 mois en méditerranée, ça fait tout drôle de régler les amarres en tenant compte de la marée! Un petit tour en ville après 6 jour de mer, un resto et hop au lit.

Le lendemain vers 11h00, nous repartons pour Ténérife distante de 150 miles, soit une trentaine d’heures de nav. Bien sûr, nous regrettons de ne pouvoir rester plus car Lanzarote est très belle mais Manu, le matinal se chargera de nous faire un petit reportage photo très alléchant. En route, nous déroulons la ligne sans conviction car nous n’avons rien pris depuis Gibraltar et voilà un assez gros thon qui se laisse prendre par le leurre. Guy bien calé sur la jupe attend son client mais je suis obligé, tant ce dernier se bat, à faire doucement.
Le 10 novembre, en fin de matinée, le pic de Teide pointe entre les écoutes du génois,

et à 14h30 nous entrons dans le port de Santa Cruz de Tenerife.
Sitôt amarrés à la Marina de l’Atlantico,nous nous penchons sur le casse-tête de l’avitaillement pour 4 personnes pendant un mois.
Nous souhaitons terminer assez vite la préparation du bateau pour pouvoir ensuite faire un peu de tourisme avant le grand départ.
Mais où va t’on mettre tout ça !!!
et en plus, il manque les vivres fraîches et les fruits et légumes ...on verra bien.