PORNIC CALVI

De Pornic à Calvi…

Tout est prêt et le départ est prévu pour le 15 avril 2008, mais les conditions météo en ce début de avril sont exécrables et l’ouest de la France subit dépressions après dépressions.

Il faut donc attendre et les journées sont bien employées… tiens ! je pensais que tout était prêt !
Vers le 24 avril enfin, une météo plus favorable s’annonce pour traverser le fameux gofe de gascogne. Nous partirons donc dès ce soir 19H00.

Quelques bords de près sont nécessaires pour tourner Noirmoutier, rien de mieux pour se mettre dans le bain. Puis, l’excitation un peu tombée, il faut mettre en place les quarts pour cette première nuit de navigation. Ce n’est pas facile, personne n’a vraiment envie de se coucher. Peu à peu une discipline s’installe.

Nous mettrons 69H pour rallier La Corogne à 366 M. Baïona était au programme mais la météo n’était plus si bonne. La traversée s’est bien passée sans aucune monotonie (c’est fou ce que l’on peut s’occuper en naviguant) , accompagnés par les multiples apparitions de nos amis les dauphins qui sont toujours de joyeux compagnons.

Le 27, nous entrons à La Corogne

Comme prévu une belle dépression très au sud pour la saison nous bloque au port où nous rencontrons Fabrice et Carriacou son ovni 345 en route pour Porto. Nous nous faisions une fausse idée de la ville qui s’avère être une cité animée et très agréable pour s’y promener.

Nous décidons de repartir le 30 au matin avec encore un vent d’ouest de force 5 et une mer toujours très formée.
Nous savons, par l’intermédiaire des contacts VHF avec Carriacou parti avant nous que la mer ne se calme pas. Le vent est passé SW force 5 et à 02H15 nous rentrons dans la ria de Camarinas où nous décidons ( la route est encore longue) d’attendre l’établissement des alizés portugais que les fichiers météo GRIB nous promettent à partir du 04 Mai. Nous avons une pensée pour Fabrice et ses équipiers qui continuent car leur temps est compté.

Nous mettons à profit cette escale forcée pour aller visiter ST Jacques de Compostelle. Nous changeons l’axe du vit de mulet équipé d’une seule goupille centrale qui se cisaille par un autre plus long muni de 2 goupilles extérieures qu’un mécanicien très sympa du village nous a préparé.
Le 04 Mai nous partons vers le sud du Portugal en compagnie d’autres bateaux anglais ( on a tous les mêmes fichiers météos !!! ) Nous avons prévu de retrouver Nicolas sur Rapanui à Portimao mais un mail reçu à temps nous informe qu’il se trouve à Alvor près de Lagos .
La descente se passe bien grâce aux alizés portugais même leur mollesse relative du début nous permet de passer le cap Finistère sous spi.
Spi qui part à l’eau plus tard après la rupture de sa drisse lors d’une manœuvre pour passer entre 2 cargos. Après un bel effort, nous remontons ce chalut multicolore. Les trois jours de nav. s’enchaînent bien et les qualités de l’ostrogoth au portant rendent assez confortables les 25 nœuds et la mer de l’arrière qui va avec (sans doute un avant goût de transat…).
Le 07 mai à 13H30, après 417 miles nous entrons dans la magnifique et déroutante baie d’Alvor. De façon très académique, nous laissons la marque tribord à tribord, la marque bâbord à bâbord, la marque tribord à tribord et patatras… sur le sable !!! Guy le plongeur se jette courageusement à l’eau pour voir ce qu’il en est. Il nous reste encore 2 heures de flot et bientôt l’ostrogoth flotte à nouveau et nous rallions prudemment le mouillage au fond de la baie.
Nous ancrons près de Rapanui et Nicolas nous lance depuis son annexe : « tu n’as pas eu mon mail où je disais qu’il fallait laisser la verte à bâbord ? » Ben non et ça s’est vu !
Le mouillage et le village sont superbes, Nicolas et Aline et Maël ses enfants sont charmants.
C’est toujours agréable de rencontrer du monde et de partager quelques moments simples et joyeux comme ce repas sur Rapanui en compagnie d’un autre couple de français Sylvie et Gaby.

Le métier de grand-père est international
Vers 02H00 du matin, nous retournons sur l’ostrogoth dormir un peu car nous repartons à 08H00 pour Barbate et Gibraltar.
Nous quittons le mouillage avec une pensée pour les bateaux amis endormis en scrutant le sondeur et surtout, sans respecter la fameuse marque.
La deuxième nuit est très agitée avec un vent NNW de force 8 et une mer difficile qui explosent toute notion de quart. A un moment le pilote laisse partir le bateau et Guy prend la barre
alors que Jean surveille la mer de l’arrière et que je prépare l’entrée à Barbate.
A 08H30 le 09 mai, c’est un équipage épuisé qui se jette sur ses couchettes.
Le vent soufflera ainsi plusieurs jours et nous attendons patiemment. Nous rangeons le spi dans sa chaussette et essayons de comprendre la raison de la rupture de la drisse. Jean, le voltigeur, va inspecter le haut du mat et trouve que le guide drisse fixé sur le haut de l’enrouleur est agressif et nous décidons de sortir directement du réa comme la plupart des bateaux.
Le lundi 12 Mai à 05H00, nous quittons Barbate pour les Baléares. Le passage de Gibraltar est magique car c’est une première pour tous les trois.

quel traffic !

Bienvenue en Méditerranée ! … la nuit se fera au moteur et sur les 421 miles jusqu’à Formentera nous ferons 34 heures de moteur, c’est pas le plus génial !
Le 15 Mai à 09H30, nous accostons à Puerto de Sabina
entre Ibiza et Formentera et à nous, gars de l’atlantique, les joie de la première pendille méditerranéenne. Il nous manque une passerelle et une vieille planche trouvée sur un chantier abandonné fera l’affaire.

Le lendemain matin nous repartons pour Minorque sous un ciel couvert.
passage entre Ibiza et Formentera

Les averses et la pétole seront notre quotidien pendant 24H… bof ! Le 17 à 15H00, nous entrons dans la profonde baie de Mahon.


Le 18 Mai, c’est la dernière étape si tout va bien. Nous regagnons le large vers 09H00 pour la cinquantaine d’heures qui nous sépare de la corse. La dernière nuit sera encore agitée avec un vent WNW de travers force 7 et une mer hachée de travers (nous avons maintenant l’habitude, les dernières nuits sont souvent ainsi pour nous) mais l’excitation du but nous euphorise et tout se passe bien. Je ne pensais pas que l’avis de vent frais sur Lion et Provence nous affecterait aussi loin.
La vision de la Revelata
est une récompense et nous entrons dans Calvi
très contents du périple accompli et je suis fou heureux de retrouver ma petite famille pour de nouvelles aventures.

C’est avec un pincement au cœur après tous ces moments forts que je raccompagne Guy et Jean mes équipiers compétents et efficaces. Un grand merci à eux.









BILAN


Je m’en doutais un peu mais L’ostrogoth s’avère être un bon compagnon de route, très marin, confortable et sûr.
Nous ne déplorons sur les 1830 miles ( près de 3400 Km) que les soucis suivants :
Usure anormale de l’axe du vit de mulet suite à la rupture de la goupille centrale, montage pas très malin car il n’y a aucun moyen de contrôle visuel régulier. L’axe fabriqué en cours de route sera plus adapté et Mr Roucher d’Alubat nous fera envoyer par Sparcraft une articulation de rechange. Aucun soucis avec le chantier et nous sommes très heureux d’avoir choisi un OVNI.
Rupture de la drisse de spi suite à usure sur les guides (pas vraiment utiles à mon sens) problème réglé en sortant directement du réa.

L’ambiance à bord a toujours été excellente et solidaire. Je n’avais pas l’expérience d’aussi longues navigations et je suis surpris par l’absence de lassitude et d’ennui. Il y a tant à faire, à voir et à ressentir …

Question météo, les fichiers Grib sont très intéressants et leur acquisition est aisée soit par Gsm près des côtes soit par Iridium au large.
Un grand merci à l’AIS et au radar pour les navs de nuit dans les endroits assez fréquentés.
L’OSTROGOTH ?
par Bénédicte



S’il est toujours un moment particulier dans l’acquisition de son bateau, c’est bien celui où il faut lui trouver un nom. Nous avons tous nos superstitions, nos manies, et surtout notre histoire.

Je me suis souvenue d’une lettre reçue, alors que j’étais adolescente. Dans cette lettre, Georges SIMENON, qui avait eu la gentillesse de me répondre, me parlait de son bateau L’OSTROGOTH qu’il s’était fait construire à Fécamp en 1929.

Cette chaleureuse lettre au contenu amical et rassurant a pris une place importante dans ma vie.
Ce sera donc L’OSTROGOTH !

L’heure du baptême approchant, un projet fou s’est imposé à moi ; partager ce moment avec John, son fils. Grâce au festival Simenon des Sables-d’Olonne et à la bienveillante complicité de Jean ROUSSEAU, son organisateur, cette rencontre a pu avoir lieu.

La disponibilité de John et son écoute ont eu raison des inquiétudes que nous pouvions nourrir face à un homme très occupé et très sollicité.Ce fut un après midi joyeux et particulièrement émouvant pour nous !



merci à Jean Rousseau, l’artisan de cette rencontre